Voilà comment les trop riches utilisent leur argent

Publié le par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

Voilà comment les trop riches utilisent leur argent

Les hyper-riches ne savent plus quoi inventer pour tromper leur vie oisive et oiseuse. Ajoutant l’indécence à la futilité, de riches particuliers anglais participent tous les ans à une course illégale et ultra select à travers l’Europe. Au mépris de la sécurité d’autrui et de leur empreinte carbone, of course.

Les 165 concurrents clandestins, partis de Londres dimanche 22 septembre au volant de bolides, rallient Rome via la France. Stoppée dans les Alpes, une Ferrari roulait à 178 km/h sur une départementale.

Les fous du volant sont de retour. Quintessence de l’extravagance british, de riches particuliers viennent de se lancer, à tombeau ouvert, dans la dernière édition du Cannonball, course clandestine de bolides à travers les routes d’Europe. Selon nos informations, pas moins de 165 participants sont partis dimanche de Londres sur les chapeaux de roue avant de se scinder en deux groupes vrombissants.

Le premier, inscrit au Modball Rallye, est déjà passé par le Luxembourg et la Hollande avant de rejoindre Prague dans un temps record. Le second, organisé sous l’exotique label de Riviera Adventure, a été acheminé en Ferry depuis le port de Douvres où ils ont été repérés par la police dès samedi dernier.

Suivant une feuille de route toujours dévoilée au dernier moment pour tenter de prendre par surprise les autorités, les candidats ont déjà franchi la ville étape de Calais avant de filer vers la Savoie et Monte-Carlo où ils ont fait escale dimanche. La compétition est ensuite repartie vers Milan avant de franchir le drapeau à damier de la ligne d’arrivée, à Rome.

Les gendarmes français sur le qui-vive

À partir du 29 juin, c’est-à-dire en plein départ des juillettistes sur les routes de France, la folle équipée mécanique devrait rentrer au bercail, toujours à un train d’enfer, en passant cette fois par le Doubs, la Marne, l’Oise et les abords du château de Chantilly avant de converger vers Calais pour une traversée outre-Manche.

Depuis plusieurs semaines, les gendarmes français, à l’instar de leurs homologues européens, sont sur le qui-vive pour intercepter ces pilotes qui transforment les autoroutes du Vieux Continent en circuits de Formule 1 à chaque début d’été. Informés par les services de renseignements anglais, les militaires avaient notamment mis en place un solide comité de réception le long des itinéraires.

Dans la plus grande discrétion, plusieurs centaines d’hommes affectés aux Escadrons départementaux de sécurité routière ont été mobilisés. Postés sur les ponts, au niveau des échangeurs ou encore embusqués aux sorties de service des autoroutes, ces traqueurs de bolides équipés de jumelles sont appuyés par des hélicoptères, des pelotons autoroutiers roulant en BMW 1 300 cm3 mais aussi en Renault Mégane RS capables de mener des chasses à des allures frisant les 250 km/heure.

« Mais la vitesse n’est pas essentielle pour intercepter les concurrents du Cannonball, précise le colonel Gérard Escolano, chef du bureau de la sécurité routière de la gendarmerie. Nous préférons intervenir quand la course est ralentie par des obstacles “naturels”, comme les péages par exemple. Se lancer dans des courses-poursuites avec sirènes et gyrophares risquerait de provoquer des réactions imprévisibles et de semer la panique dans le flot des automobilistes… »

Depuis le lancement de « Riviera Adventure », les gendarmes ont interpellé dès dimanche un premier concurrent en flagrant délit de vitesse. Surpris sur une route départementale à 178 km/h au lieu des 90 autorisés, un ressortissant britannique s’est fait immobiliser sa Ferrari pour « mise en danger de la vie d’autrui » à Le Poët-Laval (Hautes-Alpes) en attendant d’être convoqué à la brigade locale. Et les gendarmes seront de nouveau sous tension à la fin du mois, quand repasseront les « hooligans » de l’asphalte.

Issus d’un rang social élevé, ces aristocrates, cadres supérieurs ou encore turbulents rejetons de la gentry londonienne, les candidats au Cannonball s’acquittent chacun d’une inscription de 6000 euros pour figurer sur la ligne de départ. L’organisateur, dont l’entregent tourne comme un moteur six cylindres, s’emploie ensuite à mettre en place une logistique hollywoodienne. Déboulant en Ferrari, Porsche, Lotus, Bentley ou encore Maserati aux couleurs de l’Union Jack, les coureurs débarquent déguisés en Zorro, en Spiderman ou encore avec des chapeaux mexicains dans les villes étapes où les attendent des réservations dans des palaces.

Après une soirée festive au champagne, les héros - un peu - fatigués reprennent la route au petit matin. « Chaque voiture est reconnaissable grâce à des macarons souvent collés sur le capot et la malle arrière, précise le colonel Escolano. L’objectif est de respecter un timing, avec une heure limite d’arrivée sous peine d’être pénalisé. »

Les poches garnies d’euros pour s’acquitter du procès-verbal

Mais la vraie motivation n’est pas vraiment de grimper sur la première marche du podium. « Les cannonballeurs cherchent surtout à s’offrir des bouffées d’adrénaline en jouant au chat et à la souris avec nos effectifs sur le terrain, décrypte-t-on à la Direction générale de la gendarmerie nationale. En général, si certains sont détectés à 220 km/h, la majeure partie des concurrents veillent à ce que leurs excès de vitesse ne dépassent pas le seuil des 1500 euros d’amende. »

Prévoyants, ils ont les poches garnies d’euros pour s’acquitter du procès-verbal rubis sur l’ongle, en vrais gentlemans, avant de reprendre la course sur le champ. Et lorsque la Jaguar de l’un d’eux est saisie comme l’année dernière dans le Nord, un avion privé est affrété pour lui permettre le retour au pays.

Identifié depuis 1999 dans l’Hexagone, le phénomène Cannonball avait été récemment marqué par un légendaire Londres-Istanbul, via Cannes, Monaco et Venise. Un joli ruban de 4700 kilomètres de bitume dévoré en moins d’une semaine. De manière très bling-bling, mais sans accident à déplorer.

Christophe Cornevin - Le Figaro - Samedi 28 septembre 2013

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