Valls, comme un air de Guéant

Publié le par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

Valls, comme un air de Guéant

Décidément depuis quelques jours, les ministres et dirigeants du PS font l'actualité, voire défraient la chronique.

Tout d'abord Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, premier prix d'interprétation du ministre stigmatisant les Roms. Dans un entretien au Figaro, il ose affirmer que les Roms vivant dans des campements « ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu'ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution ». On est en plein dans les clichés, mais surtout dans les préjugés et la stigmatisation. Changeons de ministres mais surtout pas de politique à tel point que l'on peut se demander si Manuel Valls n'est pas le digne successeur de Sarkozy ! Le gouvernement avait déjà franchi un cap l'été dernier, avec les démantèlements et les expulsions de Roms. Cette politique choquante avait fait écho alors à celle indiquée deux ans plus tôt par le président Sarkozy lors du discours de Grenoble.

Déjà révoltante quand la droite était au pouvoir, cette chasse aux Roms est d'autant plus ignoble quand elle est justifiée par un ministre et un gouvernement qui se disent de gauche.

Cette politique n'a pas d'autres justifications que de flatter ceux qui manifestent leurs préjugés racistes et xénophobes. Faire peur, désigner « l'autre », « l'étranger » surtout quand il est pauvre et démuni, comme l'ennemi, est hélas une pratique aussi ancienne que courante. Pendant longtemps elle fut l'apanage de l'extrême droite, puis, peu à peu, en particulier ces dernières années, elle est devenue une habitude à droite. Manuel Valls cède donc à ces vieux démons-là qui ne sont peut-être pas si éloignés des siens ! Ne disait-il pas en 2009 alors qu'il était maire d'Evry :« Belle image de la ville d’Evry… Tu me mets quelques blancs, quelques white, quelques blancos ! »

Sans doute ne faut-il pas s'étonner de la politique d'un ministre marqué très à droite au PS et à qui le président Nicolas Sarkozy avait proposé, en 2007, de rejoindre le gouvernement Fillon au titre de l'ouverture. À l'époque l'actuel ministre de l'Intérieur avait décliné. Certes. Mais aujourd'hui il inscrit ses pas dans ceux qui ont occupé la place Beauvau sous ce même gouvernement Fillon.

Non, ce qui est étonnant et inquiétant c'est l'absence de condamnation au gouvernement comme au PS. Les mêmes, dont un certain François Hollande, qui en 2010 dénonçaient la circulaire ethnique contre les Roms (texte annulé en 2011 par le conseil d'État) car « immorale et illégale », se taisent aujourd'hui dans un silence insupportable devant les discours de Valls qui utilise les mêmes mots !

Aussi plusieurs associations ont adressé un courrier à Jean-Marc Ayrault pour s'insurger contre ces propos et certaines envisagent de porter plainte contre le ministre pour incitation à la haine raciale et d'interpeller l'Union européenne sur une éventuelle violation du droit européen.

Plus que jamais il s'agit d'exiger avec les associations de défense des Roms, des droits pour ces derniers : droit d'être logés dans de bonnes conditions, droit de travailler et de vivre en France, droit de se soigner et de voir ses enfants scolarisés, droit tout simplement de vivre dignement.

Mais soyons lucides les déclarations de Valls et les mesures anti-Roms mises en place depuis des mois ne détonnent pas avec les expulsions de sans-papiers qui se poursuivent et avec le nouveau renoncement sur le droit de vote pour les étrangers. Il s'agissait pourtant d'une (des rares) promesses du candidat Hollande. La promesse est une fois de plus reportée, sous prétexte qu'il faut les trois cinquième du Congrès (réunissant députés et sénateurs) pour modifier la Constitution par voie parlementaire, comme si la proposition ne pouvait faire l'objet d'une discussion dans l'hémicycle et donc d'une bataille de conviction tant à l'assemblée que dans l'opinion.

Les stigmatisations d'une population, les reculades et l'absence de courage politique concernant le droit de vote n'augurent rien de bon.

Les derniers événements en date, la disparition de la candidate socialiste dans une législative partielle dans l'Oise (au profit de la droite et de l'extrême droite), la démission du ministre du Budget Jérôme Cahuzac rattrapé par ce qui semble être « une affaire », devraient inviter les socialistes à la réflexion : les promesses non respectées d'une république irréprochable, leur politique sur le terrain social, économique ou celui des droits, nourrissent déception et désespoir... et peut-être le recours à l'extrême droite, notamment dans les échéances à venir.

S'opposer à ces politiques, proposer une alternative à gauche qui redonnent confiance et espoir et tournent résolument le dos à l'austérité est la tâche de l'heure pour tout le Front de Gauche.

Myriam Martin le 21 mars 2013

Valls, comme un air de Guéant
Valls, comme un air de Guéant

Publié dans valls, Roms, sarkozy, democratie, PS

Commenter cet article