Une écologie poubelle!

Publié le par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

Une écologie poubelle!

Afin de réduire la quantité de déchets et maîtriser les coûts : la communauté d'agglomération du Sud-est toulousain (36 communes), le Sicoval, vient d’instaurer une redevance incitative. Une redevance incitative c’est quoi ce truc ?

En fait il s’agit d’installer une puce électronique sur les poubelles afin de compter le poids ou la quantité de déchets jetés, et de taxer l’usager ou le consommateur en fonction de ce volume ou de cette masse.

En voilà une idée qui parait bonne… Moins jeter pour moins polluer… Oui mais en fait non !

Ce système rencontre de nombreux points négatifs dans les villes pilotes :

  • Une surfacturation importante du ramassage des ordures, qui montre qu’il s’agit en fait d’une taxation supplémentaire. Parfois plus de 100% d’augmentation ! Ces surfacturations impactent d’abord les ménages les plus pauvres et les familles nombreuses. Une famille de 3 personnes peut jeter, pour un prix égal, trois fois plus de déchets par personne qu'une famille de 5 personnes, mais se retrouver moins taxée. Les problèmes de l'habitat collectif sont aussi nombreux, et notamment pour les personnes à revenu modeste
  • Des comportements délictuels, comme ceux de jeter ses ordures dans la poubelle du voisin ou encore dans la nature. La taxe va favoriser non seulement les incivilités mais aussi le "tourisme des déchets" : certains porteront leurs poubelles dans la commune où ils travaillent, chez la famille etc. Dans ce cas-là, on déplace juste le problème.
  • Selon la mission d'information du Sénat, la taxe incitative ne réduit pas le nombre de déchets mais se contente d’un peu mieux mieux orienter le tri sélectif, ce qui est une bonne chose, mais on peut le faire pour moins cher.
  • Un cout d’investissement important (on parle de millions d’euros) afin d’équiper toutes les poubelles de puces électroniques. Investissement facturé aux consommateurs ou aux usagers en plus du cout supplémentaire du ramassage. Le système est aussi cher à maintenir : les techniques qui accompagnent la taxe (pesée embarquée, ordinateur de bord, puces dans les poubelles...) deviennent impossible à rentabiliser si la quantité de déchets diminue. Donc si l'on réduit les déchets, il devient obligatoire d'augmenter la part fixe de la taxe pour financer tous les investissements. Les techniques mises en œuvre sont aussi complexes et fragiles. On sait bien ce que l'informatique industrielle génère comme coûts de maintenance.
  • Elle fait porter, toujours selon la mission d'information du Sénat, la totalité de l'effort sur le dernier maillon de la chaîne (le consommateur). Or, il est celui qui a le moins de leviers pour diminuer les déchets ultimes ou les emballages. Aucune politique publique n'est sérieusement envisagée pour réduire les déchets. Lors du Grenelle de l'environnement, les industriels se sont engagés à les réduire, en 5 ans, de l'équivalent de 1 bouchon de bouteille par personne et par jour, ce qui est un objectif ridicule.

L'effort doit être porté par tous les acteurs.

Nous disons que les collectivités locales peuvent agir sur les distributeurs (super et hypermarchés) pour des résultats plus probants et plus immédiats qu'avec la taxe : instauration de la récupération des emballages en sortie de caisse (comme en Allemagne), généralisation de la vente "en vrac", restauration de la vente à la coupe (fromage, viande...) etc. Les distributeurs ne sont pas des acteurs économiques découplés de la réalité locale.

D'une manière générale, le principe de la taxe : pollueur = payeur, est un principe de réparation. La prévention (réduction à la source) est plus valable.

La redevance incitative est une démarche d’individualisation, de marchandisation, de méfiance : la collecte des déchets devient un service payant, la propriété privée des poubelles est réaffirmée, la collectivité abandonne l’espoir que les citoyens adoptent des comportements vertueux et s’en remet à l’argent pour réguler ses affaires de déchets…

Voilà bien la définition et l’illustration d’une société enferrée dans le libéralisme et d’une démocratie détraquée: individualisme, prépondérance de la propriété privée, et l’argent comme unique étalon moral ou social.

Et tout cela au nom de la défense et la préservation de l'environnement!

S.T le 05 juin 2013.

Ps : une partie de l’argumentation a été compilée grâce à l’expertise de nombreux collectifs citoyens confrontés concrètement aux dérives de ce type de taxe incitative. Nous ne pouvons les citer tous mais nous les remercions sincèrement pour cela !

Une écologie poubelle!
Une écologie poubelle!

Comme nous parlons de poubelles une pensée fortuite traverse mon crane embrumé ; la droite toulousaine, Jean Luc Moudenc en tête, accuse le Front de gauche d'avoir "dégueulassé" Toulouse avec sa marche du 1er juin :

« La quasi-totalité du mobilier urbain de la place Esquirol était jonché d'affiches du Front de gauche. Un spectacle désolant (…) Nous appelons le maire de Toulouse, Pierre Cohen, a appliquer les arrêtés municipaux existants et prendre les sanctions prévues, soit une amende de 12 € par affiche»

La réponse de Jean-Christophe Sellin, conseiller municipal et porte-parole du Parti de gauche :

«On préférerait pourvoir afficher sur des panneaux d'expression libre mais ils ne sont pas assez nombreux et quand ils existent, ils sont systématiquement squattés par des commerciaux. Par ailleurs, aucune de nos affiches n'a été collée, c'était uniquement du scotch et des guirlandes d'affiche. Nos militants n'ont pas salopé l'espace urbain. Quant à M. Moudenc, s'il veut vraiment parler d'affichage sauvage, qu'il commence par faire enlever les affiches opposées au Mariage pour tous!»

Paf dans les dents!!!

S.T le 05 juin 2013.

Une écologie poubelle!

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