Egypte : Morsi à été renversé
Morsi retenu par l'armée après avoir été renversé
L'étau se resserre sur Mohamed Morsi et ses proches. Le président égyptien, renversé par les militaires au cours de la journée de mercredi, a été transféré jeudi 4 juillet à l'aube au ministère de la défense, où il est détenu seul et "de façon préventive", selon un responsable de l'armée. Son équipe, elle, se trouve toujours dans un bâtiment de la garde républicaine.
D'après le quotidien Al-Ahram, 300 mandats d'arrêt ont été lancés contre des membres des Frères musulmans, le mouvement dont est issu le dirigeant déchu. Des responsables politiques de l'organisation, dont Saad El-Katatni, le chef du Parti liberté et justice (PLJ), et l'adjoint du guide suprême, Rached Bayoumi, ont d'ores et déjà été interpellés.
Les autorités militaires ont également fait fermer trois chaînes de télévision favorables à Mohamed Morsi, dont Egypt25, la chaîne officielle des Frères musulmans. Selon l'agence MENA, les directeurs de cette dernière ont été arrêtés peu après l'annonce de la destitution. Les forces de sécurité ont également fait irruption au siège de l'antenne égyptienne d'Al-Jazira, dont cinq journalistes ont été emmenés. Quatre d'entre eux ont ensuite été libérés.
L'ARMÉE ASSURE QU'ELLE RESTERA "ÉLOIGNÉE DE LA POLITIQUE"
L'armée, après avoir suspendu la Constitution, a nommé le président du Conseil constitutionnel, Adly Mansour, à la tête du pays. Ce dernier, un juge passé par l'ENA, prêtera serment jeudi, mais la transition s'annonce délicate. La communauté internationale, d'ailleurs, n'a pas dissimulé son inquiétude, le président américain Barack Obama appelant à réviser l'importante aide militaire à l'Egypte, et l'Union européenne réclamant une nouvelle présidentielle rapidement.
Les consultations pour la formation du prochain gouvernement – qui regroupera "toutes les forces nationales" et sera "doté des pleins pouvoirs" selon l'armée – ont débuté, a annoncé l'opposant Amr Moussa.
L'armée a promis qu'elle "resterait éloignée de la politique" par la voix de son chef, Abdel Fattah Al-Sissi. Le général, nouvel homme fort du pays, a détaillé, avec les chefs religieux chrétiens et musulmans du pays et le représentant de l'opposition Mohamed El-Baradei, une "feuille de route" qui, selon ce dernier, "répond aux revendications du peuple".
L'armée, qui avait pris les rênes de l'exécutif durant seize mois entre la chute d'Hosni Moubarak et l'élection de M. Morsi, n'a pas précisé la durée de la transition avant des élections générales. L'ensemble des formations politiques, y compris les salafistes du parti Nour, ont approuvé la feuille de route des militaires. Le grand mufti de la mosquée Al-Azhar, plus haute autorité sunnite, et le patriarche de l'Eglise copte Theodore II ont apporté leur soutien à cette intervention.
Après les violences qui ont émaillé les rassemblements organisés depuis le 26 juin, qui ont fait 47 morts, le ministère de l'intérieur a averti qu'il répondrait "fermement" aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire, bloquant les voies menant aux rassemblements pro-Morsi.
Des partisans de l'ancien président ont attaqué des bâtiments de la sécurité dans le nord du pays. Sept d'entre eux ont péri dans des heurts avec les forces de l'ordre à Marsa Matrouh et Alexandrie. Avant son arrestation, M. Morsi a appelé ses partisans à résister paciquement à ce qu'il considère comme un coup d'Etat militaire.
Le Monde.fr avec AFP | 04.07.2013
Mohamed Morsi renversé : la victoire du peuple contre le pouvoir en place
Le pouvoir politique a basculé mercredi soir en Egypte. Mohamed Morsi a été renversé par l'armée. Un nouveau président a été nommé pour assurer l'intérim. C'est donc la fin du règne de ce membre de la Confrérie des Frères musulmans.Il a été poussé dehors sous la pression de la rue.
il y a un an, Mohamed Morsi, c'était presque l'homme providentiel. C'était en tout cas ainsi qu'il se présentait, ssurant être "le président de tous les Egyptiens", le garant des idéaux de la révolution. Mohamed Morsi se donnait 100 jours pour améliorer la vie de son peuple. Mais rapidement, ses choix politiques ont été contestés. Et même ses soutiens de la première heure ont déchanté.
C'est un double échec – économique et politique - qu'a dû assumer Mohamed Morsi. Accusé d'avoir gouverné au seul profit des Frères musulmans et d'avoir laissé se dégrader les conditions de vie des Egyptiens.
Qui sont les manifestants qui ont mené ces mouvements de contestation ?
Les protestaires qui ont pris la tête des groupes anti-Morsi sont les mêmes que ceux qui ont participé à la révolution de 2011, qui avait conduit à la chute d'Hosni Moubarack. Ce sont les déçus de la révolution.
Et cette vague de contestataires a été rejointe par d'autres mécontents, des chefs d'entreprise, des chômeurs, des policiers, des intellectuels sont venus grossir les rangs. Les Egyptiens ont également été nombreux à rejoindre des partis politiques. Et au final, la mobilisation a été très massive, beaucoup plus importante que lors de la révolution de 2011.
France info.fr - le 4 juillet 2013
