Le lourd bilan des colonies

Publié le par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

Le lourd bilan des colonies

L’année 2013 a témoigné d’une mul­ti­pli­cation sans pré­cédent des colonies israé­liennes en Cis­jor­danie et à Jérusalem-​​Est.

Durant le premier semestre de l’année 2013, le nombre de colonies a pro­gressé de 70 % par rapport à la même période de 2012. Selon les chiffres d’une orga­ni­sation israé­lienne opposée à la construction des colonies, 1 708 loge­ments ont été bâtis entre janvier et juin 2013 en Cis­jor­danie et à Gaza, contre 995 en 2012. Le nombre de colonies a continué à grimper tout au long de l’année. Le 19 novembre, Israël a donné le feu vert pour la construction de 829 loge­ments dans des colonies de Cisjordanie.

La popu­lation dans ces implan­ta­tions aug­mente d’ailleurs plus vite que dans le reste du pays. La popu­lation des colonies israé­liennes de Cis­jor­danie a connu une hausse de plus de 2 % au premier semestre 2013, soit une crois­sance deux fois supé­rieure à celle enre­gistrée en Israël, selon les chiffres officiels.

De plus, le nombre d’habitants des « petites » colonies isolées de Cis­jor­danie, qui pour­raient être déman­telées dans le cadre d’un éventuel accord de paix avec les Pales­ti­niens, a lui aussi aug­menté de 1,7 % durant l’année 2013.

Selon les spé­cia­listes, l’Etat hébreu a tout fait pour expulser les Pales­ti­niens et accroître la pré­sence juive en Cis­jor­danie. Les Pales­ti­niens se voient refuser les permis de construire alors que les achats de pro­priétés par des juifs israé­liens et l’installation de colons se mul­ti­plient au coeur des quar­tiers pales­ti­niens. Un récent rap­port de l’Onu révèle ainsi que 70 % des démoli­tions au sein de la ville sainte concernent des rési­dents pales­ti­niens. Les taxes imposées aux Pales­ti­niens sont très élevées, alors que les ser­vices publics sont quasi absents de leurs quar­tiers. « Ainsi, bien que les Pales­ti­niens consti­tuent environ 37 % de la popu­lation de Jéru­salem, la muni­ci­palité de la ville ne dépense pas plus de 10 % de son budget total dans les zones pales­ti­niennes », relève le rapport de l’UE. Selon le rapport, la colo­ni­sation « met en péril les pers­pec­tives phy­siques de création d’un Etat pales­tinien viable » et rend « les compro­mis néces­saires à la paix plus dif­fi­ciles à mesure que la popu­lation des colonies aug­mente ». La colo­ni­sation est « sys­té­ma­tique, déli­bérée et pro­vo­ca­trice », affirme en outre le document.

Une situation qui ne semble pas prête de s’ar­rêter, puisque le premier ministre israélien, Benyamin Neta­nyahu, vient de déclarer : « Nous ne ces­serons pas un seul instant de bâtir notre pays, de nous ren­forcer, et de déve­lopper (…) les implan­ta­tions ». Furieux à l’encontre de son allié amé­ricain après la signature de l’accord nucléaire avec Téhéran, Neta­nyahu a fait cette décla­ration au moment où, selon le quo­tidien israélien Haaretz, Washington a demandé à Israël de ne pas lancer de nou­veaux appels d’offres de loge­ments de colons en Cis­jor­danie occupée et à Jérusalem-​​Est annexée, parallèle­ment à la libé­ration de 26 pri­son­niers palesti­niens prévue le 29 décembre, dans le cadre des négo­cia­tions de paix. Lors de la pré­cé­dente vague de libé­ra­tions de pri­son­niers pales­ti­niens, le 30 octobre, Israël avait fait lancer des plans de construction de 5 000 loge­ments en Cis­jor­danie occupée et à Jérusalem-​​Est annexée.

Pour Amany Al-​​Tawil, cher­cheuse au Centre des Etudes Poli­tiques et Stra­té­giques (CEPS) d’Al-Ahram, les pays arabes se sont éloignés de la cause pales­ti­nienne à cause du Prin­temps arabe, ce qui a donné l’occasion à Israël de s’emparer de plus en plus de ter­ri­toires palesti­niens. Les pour­parlers autour de la solution finale n’aboutiront à rien, puisque la mise en chantier des colonies se poursuit.

Pourtant, la réaction inter­na­tionale semble dif­fé­rente cette année. On entend, pour la pre­mière fois, un res­pon­sable amé­ricain, John Kerry, parler de « colonies illé­gi­times ». L’Union euro­péenne, pour sa part, va entamer, le 1er jan­vier 2014, une cam­pagne de boycott des pro­duits en pro­ve­nance des colonies.

Selon Amany Al-​​Tawil, ces pres­sions interna­tionales sont sans effet, et les Etats-​​Unis ne pos­sèdent pas de méca­nismes réels pour faire pression sur Israël, à cause du lobby juif qui sou­tient la colo­ni­sation.

« Quant à l’Union euro­péenne, elle sanc­tionne seulement les colonies israé­liennes, mais pas l’Etat qui les a créées », conclut-​​elle.

France-palestine.org - Aliaa Al-​​Korachi, hebdo Al-​​Ahram, jeudi 26 décembre 2013

Le lourd bilan des colonies
Le lourd bilan des colonies

Commenter cet article