« Ensemble », la 3e force du Front de gauche

Publié le par Le blog de la Gauche Anticapitaliste du Tarn & Garonne

« Ensemble », la 3e force du Front de gauche

« Ensemble », la 3e force du Front de gauche

A la bourse du travail de Saint-Denis, 220 délégués de 70 départements ont créé une nouvelle force politique au sein du Front de Gauche, baptisée : « Ensemble, Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire ».

Avec ces Assises des 23 et 24 novembre 2013, une nouvelle étape a été franchie dans le processus de rapprochement entrepris depuis un an entre la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique, la Gauche Anticapitaliste, les Alternatifs, Convergences & Alternatives, des militants de la Gauche Unitaire, des animateurs du processus « Tous Ensemble/Trait d’Union » comme Christophe Aguiton et des collectifs locaux créés en communs. Des cultures politiques traditionnellement différentes, issues de la LCR, du courant autogestionnaire ou du PCF, font ainsi le choix de la mise en commun.

Après avoir adopté trois textes de référence sur l’orientation politique, le projet programmatique et la force à construire, « Ensemble » s’est doté d’une direction composée de représentants des cinq organisations constitutives et de personnalités issues du mouvement social telles que Pierre Kalfa, Jeannette Abel, Evelyne Sire-Marin ou Stéphane Lavignotte. « Ensemble » constituera une représentation commune au sein de la coordination du Front de Gauche.

Les délégué-e-s ont également planché sur les mobilisations sociales à venir, la préparation de la manifestation pour une révolution fiscale du 1er décembre initiée par le Front de Gauche, les élections municipales et européennes. Le consensus a été retenu comme mode principal de fonctionnement. L’appel à la novation dans les pratiques, pour qu’elles soient moins pyramidales et plus horizontales, comme sur le terrain de la stratégie et des idées a fixé un cap de travail. La refonte du lien entre social et politique est l’une des identités affirmée de ce mouvement. Pour se développer, « Ensemble » a choisi de mettre le paquet sur un site Internet participatif (bientôt en ligne).

Après une phase de vérifications internes, le mouvement a donc décider de se tourner vers l’extérieur : « nous appelons tous les militants intéressés par ce projet et tous les groupes des organisations politiques constitutives à constituer des collectifs locaux dans toutes les villes et régions, en trouvant à chaque fois les modalités d’action au consensus, qui permettent la participation la plus large » indique le relevé de conclusion de la réunion.

L’objectif est de porter une stratégie alternative aux logiques d’adaptation sociale-libérale, en agissant pour un rassemblement majoritaire à même de conquérir une hégémonie culturelle au service d’une véritable politique de transformation sociale et écologique.

Autrement dit, « Ensemble » veut reconstruire un horizon d’émancipation, de dépassement du système capitaliste et du productivisme.

Il agira pour changer les rapports de force au sein de la gauche, pour y faire prévaloir une orientation qui donne la priorité aux besoins sociaux et environnementaux et se nourrisse de l’apport de tous les combats pour l’émancipation. Une première réunion du collectif national se tiendra en janvier 2014, où toutes les entités locales enverront leurs représentants. « Ensemble », c’est parti.

Regards.fr - Par Jérôme Beltar| 25 novembre 2013

« Ensemble », la 3e force du Front de gauche

Ensemble : naissance d’un « troisième pilier » dans le Front de gauche

Ce week-end, un nouveau mouvement verra le jour au sein du Front de gauche. Christophe Aguiton, l’un des initiateurs, nous éclaire sur la genèse et les enjeux de cette troisième force. Entretien.

Regards.fr. Comment est née cette idée de processus nommé « Ensemble » ?

Christophe Aguiton. C’est un processus qui a démarré pendant la campagne présidentielle de 2012. La dynamique de celle-ci a attiré des dizaines de milliers de personnes vers le Front de gauche, mais elle a aussi posé deux problèmes politiques, à savoir : comment permettre à ces militants ou simples citoyens de s’intégrer au Front de gauche ? Et par voie de conséquence, quelle devait être la place des composantes constituées dans le Front de gauche ?

Ce débat a porté sur toute une série de choses : comment aller vers des adhésions directes au Front de gauche, quelle place donner aux assemblées citoyennes, aux fronts thématiques, etc. Et il a amené des responsables de plusieurs « petites » composantes du Front de gauche, Convergence et alternatives, Gauche unitaire et la Fédération pour une alternative sociale et écologiste [FASE, ndlr] ainsi que des courants s’intégrant à la campagne électorale comme les Alternatifs et la Gauche anticapitaliste à se réunir avec des militants issus du mouvement social pour réfléchir à ces questions et tenter un rapprochement politique.

Des rencontres ont donc eu lieu durant toute l’année 2012, dans un processus appelé « Tous ensemble », mais sans permettre de faire un réel saut qualitatif. Plusieurs raisons à cela, certains voulaient donner la priorité à l’élargissement du Front de gauche et aux adhésions directes, d’autres voulaient tester des rapprochements possibles avec le Parti de gauche, d’autres enfin voulaient vérifier la solidité des accords politiques avant de se lancer dans un rapprochement.

En parallèle, à la fin 2012, les cinq organisations ont commencé à se réunir entre elles, à élaborer des textes communs et ont publié un bulletin, « Trait d’union ». Finalement les deux processus ont fusionné, ce qui a permis la tenue d’une réunion nationale le 15 juin 2013 qui a décidé de lancer le processus de rapprochement entre ces forces – sauf pour la Gauche unitaire qui s’est divisée en deux, moitié pour et moitié contre. Les 23 et 24 novembre, un nouveau mouvement va donc se créer, pour une étape de transition pendant laquelle les courants constituants continueront à exister.

Quelle est votre identité politique ?

Le mouvement qui va se créer est issu de trois cultures politiques : une partie vient de la LCR ou du NPA, une autre de la culture communiste, avec l’Association des communistes unitaires et une troisième de la culture alternative, très présente à la FASE et bien sûr chez les Alternatifs. Mais ce qui fait la force de ce rapprochement, c’est l’existence d’accords politiques qui ont été vérifiés par la pratique commune de ces différents courants sur de nombreux terrains : l’internationalisme avec le mouvement altermondialiste, l’écologie avec des luttes comme celle de Notre-Damedes- Landes, le féminisme, la défense et la promotion des pratiques alternatives, le refus de toute hiérarchie et subordination entre forces politiques et le mouvement social, la conviction de la nécessité d’une refonte radicale des pratiques démocratiques, etc.

Quel rôle entendez-vous jouer dans le Front de gauche ? Quelle est votre valeur ajoutée ?

Ce nouveau mouvement peut apporter trois éléments importants pour le Front de gauche. Tout d’abord un élargissement politique grâce à une sensibilité à des questions qui ne sont pas ou peu portées par le PCF et le PG. Deux exemples pour être plus concret. Il s’est tenu à Bayonne, il y a un mois, une initiative très importante pour promouvoir les pratiques alternatives, sociales et écologiques, « Alternatiba » qui a réuni plus de 10 000 personnes, venant du pays basque et au-delà ; le Front de gauche devrait s’impliquer massivement dans ce type d’initiative et le mouvement en gestation peut y aider. Et si l’on regarde les mobilisations internationales les plus récentes, deux d’entre elles, en Turquie et au Brésil, ont porté sur des questions urbaines, une thématique mise en avant par le géographe David Harvey sous le nom de « Droit à la ville » et qui pourrait inspirer le Front de gauche ; là aussi le nouveau mouvement pourrait le faciliter…

C’est ensuite l’insistance dans l’idée que le Front de gauche doit s’élargir politiquement mais aussi socialement, et que cela ne peut se faire par la simple croissance des partis constituant le Front de gauche. Peu parmi les dizaines de milliers de personnes qui se sont investis dans la campagne présidentielle de 2012 rejoindront le PCF, le PG ou notre nouveau mouvement. Il faut donc permettre des adhésions directes, revivifier les assemblées citoyennes, etc. Et, enfin, l’existence d’une troisième composante peut aider à réduire les tensions qui existent dans le Front de gauche. Aujourd’hui, le Front est composé de deux partis importants et de petites composantes qui ne pèsent que très peu. Tout désaccord entre le PCF et le PG se transforme alors en un bras de fer que personne ne peut désarmer. Le simple fait d’être trois composantes importantes devrait permettre de décrisper, et donc de stabiliser, les relations en interne.

Avez-vous un partenaire privilégié dans le Front de gauche ?

Non, car tout dépend des sujets et des terrains. Pour ce qui est des municipales, nous sommes tous en faveur de listes autonomes du Front de gauche au premier tour, ce qui nous situe du côté du PG. Mais sur d’autres sujets, on peut penser à « l’unité de la République » telle que le PG l’a défendue en Alsace pendant le référendum régional, ou encore aux règles de fonctionnement interne, nous serons très loin du PG.

Comment appréhendez-vous la séquence municipales/européennes qui s’annonce ?

Nous ferons campagne avec des listes autonomes au premier tour dans toutes les grandes villes, mais nous sommes en même temps convaincus que la pérennité du Front de gauche est essentielle. Plus vite nous aurons donc un accord pour les Européennes, mieux ce sera !

Regards.fr - Entretien, par Rosa Lafleur - 22 novembre 2013

« Ensemble », la 3e force du Front de gauche

«Au Front de gauche, l’offre pléthorique était incompréhensible»

Questions à Myriam Martin Porte-parole de la gauche anticapitaliste

A défaut de voir le Front de gauche se structurer, ils ont décidé de se regrouper. Cinq petites formations déjà membres de cette alliance fondée aux européennes de 2009 donnent naissance ce week-end à Saint-Denis à une nouvelle formation baptisée «Ensemble. Mouvement pour une alternative de gauche, solidaire et écologiste». On y retrouve tout un pan de la galaxie de la gauche anticapitaliste : de la Fédération pour une alternative sociale et écologique de Clémentine Autain aux Alternatifs, en passant par d’anciens trotskistes de la LCR et du NPA comme la Gauche anticapitaliste (GA), Convergences et Alternatives et une partie de Gauche unitaire, mais sans leur leader, Christian Picquet.

Porte-parole de la GA, Myriam Martin explique cette «étape» de restructuration du Front de gauche.

Il y a deux mastodontes dans le Front de gauche : le PCF et le PG. A côté, nous étions de multiples petites organisations avec des gens qui ont milité ensemble à la Ligue communiste révolutionnaire puis au Nouveau Parti anticapitaliste. L’offre pléthorique était trop incompréhensible pour l’extérieur. On va pouvoir parler d’une seule voix.

Nous faisons une analyse commune de la situation politique, économique et sociale du pays. De l’impasse sociale-libérale dans lequel se sont engagés François Hollande et son gouvernement. Mais pour rendre l’alternative crédible, le Front de gauche ne peut rester en l’état. Il faut l’organiser pour que des hommes et de femmes qui ne se retrouvent pas dans les partis classiques puissent y venir. Le Front de gauche ne peut se contenter d’être un cartel électoral. La question des adhésions directes doit pouvoir être rediscutée.

Le PCF est un vieux parti. C’est toujours difficile d’arriver à dépasser ce qui fait sa propre histoire. Il faut le comprendre. Le PG a, lui, une vision traditionnelle de l’organisation d’un parti politique. Voir les assemblées citoyennes fonctionner, c’est un premier pas, même si elles faiblissent depuis la présidentielle. La création de ce mouvement peut engendrer une dynamique pour remobiliser des gens qui ont pris du recul après 2012 et sont plongés dans l’atonie sociale et syndicale.

A mon sens, on devrait dépasser les 1 000 à 1 500 adhérents.

Ce n’est pas une reconstitution de ligue dissoute mais bien une démarche différente. Avec le NPA, on n’a pas pris les bons chemins. Il fallait une nouvelle étape dans la recomposition politique de la gauche.